Norvège : Plonger avec les orques
Qui veut nager avec Willy ?
C’était en Novembre dans le nord de la Norvège …
A peine le pied posé sur le sol norvégien et le van pris en main à Tromsø, qu’on démarrait pour le Nord, oui certes techniquement on y était déjà au Nord, mais encore plus au Nord c’était possible. Le duo Emi, pilote officielle des Sauvageonnes sur toute surface, et Marie, faisant office de co-pilote bouffon animant lors de chaque road trip (on peut la louer pour des anniversaires, boums, thé dansants, …) partait dans le noir, ah ben oui ma bonne dame il est 16h et il fait noir comme dans un four.
La météo d’accueil, nous a, sans mauvais jeu de mot, refroidies, sur des routes enneigées au milieu de flocons qui tombaient par poignées … C’est au terme de 5h de route bercées par le Nostalgie norvégien que nous sommes arrivées aux portes Skjervøy pour notre première nuit dans le van … En espérant très fort que la neige s’arrêterait de tomber et nous permettrait d’arriver jusqu’au port le lendemain matin !
Skjervøy : Qui veut nager avec Willy ?
Skjervøy est une ville portuaire située sur l’île de Skjervøya au-dessus du 40ème parallèle, elle est fort au Nord quoi …
C’est bourrées d’émotions, et pas très reposées, qu’on est arrivées au petit matin au lieu de rendez-vous donné par Whale2sea, vous imaginez bien que dormir profondément la nuit précédent la réalisation d’un rêve est plutôt compliqué !
Cela fait quelques années que les orques et les baleines à bosse viennent à cet endroit précis pour se nourrir des bancs de harengs qui se rassemblent en cette saison. C’est ce qu’on appelle la “herring season”, c’est donc le moment parfait pour aller observer les grands mammifères marins. Il est d’ailleurs possible que le lieu change dans les années à venir. Ça dépend du choix de villégiature des poissons pour cette période …
Après la confirmation d’inscription et l’accueil c’est l’heure du briefing … Un speech d’une vingtaine de minutes, d’abord :
Sur ce que nous allons ou risquons de voir, et ça c’est très intéressant, pour avoir eu la chance d’aller observer les baleines plusieurs fois dans différents pays, ce n’est pas toujours le cas et ça permet de comprendre les animaux et leur comportement dans leur entièreté.
Sur la méthode de plongée d’observation et la philosophie de la société Whale2sea.
Un rappel sur le fait que l’observation de la nature c’est toujours une loterie, c’est elle qui choisit de se montrer et, il y a des chances que l’on ne voie rien du tout, qu’on ne plonge même pas. Pour nous c’est le premier jour de la saison, donc ils n’avaient pas encore eu l’occasion d’observer les groupes (pods) d’orques et leurs mouvements, ni de vérifier qu’ils étaient bien arrivés …
Spoiler alert : bison futé avait bien prévu son coup, et le chassé-croisé des vacances orcales avait bel et bien débuté !
Après le briefing, nous, nous équipons et enfilons les combinaisons étanches, nous ne serons que 4 à plonger sur les 12 personnes présentes sur le bateau. Il est difficile de savoir si l’on aura froid. Mais dans l’idéal sous la combinaison il faut comme équipements : un couche thermique, un gros pull, ainsi qu’un legging thermique. Un bonnet aussi, pour le voyage en bateau.
Très rapidement, à la sortie du port, la bateau ralenti et nous scrutons les eaux et l’horizon à la recherche de quelque chose de différent à la surface.
C’est majestueux cette eau sombre entourée de montagnes enneigées.
L’observation d’abord …
Très vite, nous repérons les premiers dos noirs et les ventres blancs, si familiers des documentaires animaliers. C’est évidemment un truc de fou, un sentiment indescriptible et surtout probablement une centaine de photos ratées prises sous le coup de l’excitation.
On est à un poil de cheveu d’entendre la voix de David Attenborough dans notre tête ! Ceux qui ont passé des après-midis à siester devant Our Planet sur Netflix peuvent comprendre …
Nous observons des orques regroupés en pods et nageant en groupe dans la même direction, rapidement sans s’arrêter, et remontant à la surface de manière régulière.
De temps en temps, émerge également le dos immense d’une humpback whale ou baleine à bosse. Elles sont majestueuses et peuvent mesurer jusqu’à 16 mètres. Il arrive également que, dans des conditions spécifiques, l’on puisse plonger avec elles, mais, en riant, le capitaine nous a expliqué qu’elles sont si grandes, que cela rend les choses beaucoup plus compliquées, le risque le collision involontaire étant plus grand.
La plongée … Ensuite !
Lors du briefing, le capitaine avait prévenu : il faut être “au taquet” dans le bateau ! Habillés, masqués, prêts à sauter … Il fallait plonger immédiatement lorsqu’il prononçait le mot - un truc en norvégien dont on ne se rappelle plus - qui n’était pas JUMP, parce qu’il ne fallait pas sauter, mais bien glisser doucement dans l’eau le long des côtés du bateau afin, encore une fois, de ne pas impacter ni effrayer les animaux.
Cela faisait bien 1h30 que nous observions les baleines et les orques, et, même si chaque seconde était incroyable, on commençait sérieusement à se dire que nous ne pourrions pas nous mettre à l’eau. Le bateau suivait d’abord pendant de longues minutes la course d’un pod, pour ensuite se mettre en travers de la route des orques … A ce moment-là le capitaine, pas très bavard, lâche un rapide “GET READY” en italien, panique tentative de mettre le masque, le tuba, franchement pas certaine que tout soit à sa place, puis vient le fameux mot .. Ni une ni deux, on glisse le long du boudin, on s’immerge, et là, à quelques mètres seulement, une floppée d’orques qui passent tranquillement, et rapidement. WAAAAAAAAH ! On pousse des petits cris sous-marins, on ouvre grands les yeux, on regarde dans toutes les directions pour ne rien rater … On ne réalise pas ce qu’on est en train de vivre ! Nous relevons la tête émerveillées … C’est juste irréel…
Le bilan : une sortie de près de 4 heures ; 4 saisons différentes (de la neige, à un bout de soleil repéré au loin) ; un nombre difficile à évaluer de pods (c’est comme ça qu’on dit) d’orques repérés, suivis et observés; quelques baleines à bosse; et 3 immersions à proximité de familles d’orques .. Et un beau mélange d’émotions (la nana a pleuré dans son tuba quand même), un souvenir INCROYABLE !
Nous sommes toutes les deux certifiées PADI en plongée bouteille mais, dans ce cas-ci, ce n’était pas nécessaire car il s’agissait de snorkelling, donc il suffit simplement de savoir nager et d’avoir envie de le faire.
Pour répondre aux questions que 100% des gens nous ont posé :
Ce n’est pas dangereux de nager avec les orques ? Non. Même si effectivement ce sont des animaux sauvages, des prédateurs, plutôt réputés pour leur côté malin, voire qui adore jouer avec leurs proies, nous ne sommes pas des proies pour eux. Et puis on ne nous jette pas à l’eau sans réfléchir, le capitaine prend la décision de nous autoriser à plonger au dernier moment en observant leur comportement.
Pas trop froid ? Non, les combinaisons étanches ont bien fait leur travail, et, étrangement, l’eau du Fjord était bien plus chaude que la température extérieure qui tournait autour des -5/-10 degrés.
Ce n’est pas envahissant pour eux ? Alors un grand non à cette question. Le capitaine nous avait bien prévenues, il est tout à fait possible que nous ne plongions pas. L’idée est de laisser la nature suivre son cours et de l’observer sans l’impacter. Alors oui, ne soyons pas naïfs, évidemment qu’avoir des bateaux qui les suivent à la trace ça n’a rien de naturel et qu’il vaudrait mieux les laisser tranquilles. Mais, l’homme, et vos deux sauvageonnes ici présentes, sont des amoureuses éperdues de nature et de faune sauvage, alors c’est la meilleure méthode pour les observer et les voir en vrai, sans les déranger. C’est plus éthique que de les regarder dépérir dans un bassin qui fait la taille d’une boîte à chaussures …
Vous le recommanderiez ? Oui, mille fois, seulement si vous ressentez l’envie de descendre dans l’eau pour les observer, pas pour éprouver des sensations fortes, non loin de là, mais pour être en communion avec eux dans leur milieu naturel. En tant que fans de plongée c’est ce qu’on ressent lorsque l’on descend dans les profondeurs : le fait d’être accepté comme un visiteur et observateur, voire même presque un nouvel habitant du monde sous-marin.
Par contre sur les 14 personnes que comptait le bateau, nous ne sommes que 4 à avoir plongé, et les autres n’en ressentaient pas le besoin, ils préféraient les observer du bateau et ont aussi vécu un moment magique.
Il ne s’agit absolument pas de le faire pour se faire peur, comme lorsqu’on vous vend des pratiques comme la plongée en cage (où le marketing de ces sociétés joue sur les sensations fortes) .. Ça ne fait pas peur, c’est paisible et très beau. L’idée est réellement d’observer ces magnifiques animaux dans leur milieu naturel.
Vous n’avez pas fait de packraft près des orques ? Alors, on a longuement hésité, tiraillées par l’envie. Mais, s’ils avaient décidé de prendre nos packrafts pour des ballons de plage au beau milieu d’un fjord on aurait eu l’air maline à devoir nager jusqu’à la rive … En plus
on a eu un souci technique avec le van, qui nous a obligées à
redescendre vers Tromso. On s’est contentées de packrafter dans
les fjords un peu plus au sud mais ce sera pour une autre fois on l’espère !
Pour les photos, en dehors de nos téléphones et de la GoPro, nous avons eu la chance de naviguer avec un talentueux photographe sous-marin qui revenait tout droit d’Australie pour faire la saison d’hiver à Skjervøy à photographier les orques.
Si, comme nous, vous êtes des adeptes de photographie animalière et photographie sous-marine, nous vous invitons clairement à faire un tour sur le site web et à suivre l’incroyable instagram de Federico Facchin - Oceanic Fede.
Ce n’est que le début de nos aventures norvégiennes …
Pour la suite de l’aventure, il y a l’article à paraître sur le packraft dans les îles Lofoten !